Poids de la stigmatisation

« La stigmatisation correspond à l’exclusion d’un groupe social des personnes jugées différentes de la « norme » majoritaire. Elle provient d’une méconnaissance et de préjugés concernant les individus stigmatisés, auxquels sont attribués certaines caractéristiques que le sociologue Erwing Goffman nomme stigmates.

Les représentations sociales les plus fréquemment associées aux personnes souffrant de troubles psychiques sont :

  • L’irresponsabilité : ces personnes ne seraient pas capables d’être responsables de leurs actes ou de leur état.
  • L’incurabilité : La guérison ou le rétablissement de malades psychiques ne seraient pas possible.
  • La dangerosité : Les personnes souffrant de troubles psychiques sévères, notamment de schizophrénie, sont susceptibles d’être dangereuses et plus susceptibles de commettre des actes violents. »

https://centre-ressource-rehabilitation.org/stigmatisation-et-lutte-contre-la-stigmatisation
Lire le Grand Baromètre de la schizophrénie

Quelques idées reçues et préjugés sur les troubles schizophréniques

La schizophrénie est un dédoublement de la personnalité

Cette idée reçue est très fréquente dans des films et dans les médias mais le dédoublement de la personnalité n’a rien à voir avec la schizophrénie. Dans la schizophrénie, il n’y a pas d’alternances de personnalités. La maladie se caractérise par différents symptômes positifs et négatifs, un retrait social, une désorganisation du comportement et de la pensée, des difficultés à exprimer ses émotions, ou encore un manque de motivation. Les patients sont, d’ailleurs, souvent pris à tort pour des paresseux ; alors que leur manque de motivation n’est qu’un des symptômes de leur maladie.

La schizophrénie ne se soigne pas

C’est faux. L’évolution de cette maladie dépend de la forme clinique et des moyens thérapeutiques (médicamenteux, psychothérapie, sociothérapie) mis en jeu.

Les traitements de la schizophrénie ont beaucoup évolué au cours des dernières années de sorte que les personnes atteintes de cette maladie peuvent espérer une vie satisfaisante et relever différents défis. L’intervention précoce, l’adaptation de la médication et des programmes de réhabilitation psychosociale contribuent à préserver les capacités fonctionnelles de la personne atteinte et sont autant de facteurs favorisant le rétablissement.

Vers le rétablissement

Les « schizophrènes » sont des fous dangereux

La maladie mentale est évoquée à chaque fait-divers. Or, il est très injuste de faire porter cette étiquette aux patients. En réalité, moins de 5 % des crimes graves sont commis par des personnes présentant une schizophrénie.
Contrairement à l’idée habituellement véhiculée par les médias, ces personnes sont beaucoup plus souvent victimes qu’auteurs de violence.
Evaluation de la dangerosité psychiatrique – textes des experts (has-sante.fr)

Seuls de rares cas donnent lieu à des accès de violence au cours d’une crise et cette agressivité est le plus souvent tournée vers le patient lui-même.
D’après l’Inserm, 1 patient sur 2 souffrant de schizophrénie fera (au moins) une tentative de suicide au cours de sa vie. Mais dans une récente étude publiée dans la revue spécialisée Schizophrenia Research, des chercheurs du Centre for Addiction and Mental Health (aux États-Unis) vont même plus loin : selon eux, 12 % des cas de suicide seraient, en réalité, liés à la schizophrénie.

Utilisation des services et suicide chez les personnes atteintes de troubles du spectre de la schizophrénie – ScienceDirect

Numéro national de prévention du suicide : 3114

Les « schizophrènes » ne peuvent ni étudier ni s’insérer dans la vie professionnelle

On peut souffrir d’une maladie invalidante et, malgré les doutes et les obstacles, avoir des projets de vie : faire des études, travailler, trouver un logement…

Grâce à un accompagnement adapté et des méthodes innovantes, des personnes touchées par la schizophrénie qui souhaitent retravailler ou reprendre des études y arrivent. Ainsi, pour exemple, l’équipe du C2R (Centre de Rétablissement et Réhabilitation du CHU de Montpellier) affiche de bons résultats. 60 % des usagers qui souhaitent retravailler atteignent leur objectif. Certains œuvrent dans le BTP, le secteur agricole, ou le portage de repas. Un étudiant a intégré une école d’ingénieur du son, l’autre est dans une école de journalisme.

Cette insertion dans la vie active est également bénéfique, sur le plan médical. « En deux ans de fonctionnement, seuls 8 % de nos usagers ont été réhospitalisés », se réjouit le Dr Rainteau (C2R).

Dans le domaine psychiatrique, de nombreux centres de réhabilitation psychosociale se créent en France. La liste est disponible sur

https://centre-ressource-rehabilitation.org/-trouver-un-centre-de-rehabilitation-psychosociale-

C'est la famille qu'il faut soigner, pas le « schizophrène »

Pendant longtemps, on a tenu responsable les mères (comme dans l’autisme). Cette théorie n’est pas fondée et a été battue en brèche.  Les seuls facteurs de risque liés à la mère sont des éléments médicaux (comme une infection au cours de la grossesse) qui n’ont rien à voir avec la relation entre une mère et son enfant.

Il faut aider les familles, plutôt que de les culpabiliser ! Beaucoup d’aidants sont déprimés à cause de la maladie de leur proche. Il existe des programmes de psychoéducation destinés aux aidants.

https://doctonat.com/psychopedagogie-enfance/

Pour lutter contre cette stigmatisation et voir que le rétablissement est possible, on pourra consulter avec intérêt le blog de Patricia Deegan, psychologue fondatrice du National Empowerment Center, qui parle « du rétablissement en tant que processus autogéré de guérison et de transformation ».

Et se rappeler que John Nash, mathématicien, prix Nobel d’économie et prix Abel de mathématiques (équivalent du prix Nobel en mathématiques) souffrait de troubles schizophréniques (voir le film « un homme d’exception » qui retrace sa vie).

Les effets négatifs de la stigmatisation

La stigmatisation peut pousser les personnes à dissimuler leurs problèmes aux autres : souvent, submergées par la honte ou ne comprenant pas ce qui leur arrive, elles ne parviennent pas à aborder leurs difficultés avec leur entourage et ainsi ne cherchent pas à se faire aider. Elles sont alors réticentes à aller consulter par peur du regard des autres.

La stigmatisation peut conduire à l’exclusion du marché du travail, du logement, des activités sociales et des relations amoureuses.

L’autostigmatisation : Les personnes peuvent également intérioriser la stigmatisation en adhérant aux commentaires négatifs qu’elles entendant par rapport à leur pathologie et « s’interdire » des projets.

Mettre lien voir tableau excel kiosque : flyer pdf psycom Santé mentale et santé physique : mythes et réalités

La déstigmatisation

La réhabilitation psychosociale permet de lutter contre la stigmatisation des personnes souffrant de troubles psychiques par les moyens suivants :

  • En développant des pratiques de soins et d’accompagnement orientées vers le rétablissement des personnes ;
  • En proposant aux usagers des programmes ayant pour objectif la lutte contre l’auto-stigmatisation (ex : Le programme Remed Rugby à Grenoble) ;
  • En participant aux actions locales et nationales de lutte contre la stigmatisation (ex : Les SISM, le psytruck à Grenoble) ;
  • En favorisant l’implantation de la pair-aidance dans les soins en psychiatrie par notamment la présence de médiateurs de santé pairs en partenariat avec le CCOMS

https://centre-ressource-rehabilitation.org