Marie Condemine, consultante en pratiques innovantes en santé mentale, formatrice instructrice PSSM, nous présente le GPS ou « Guide Prévention et Soins », un outil créé en France avec Ofelia Lopez Hernandez (psychologues, Association PRISM-Prévention, rétablissement et inclusion en santé mentale).
Les « directives anticipées » sont un ensemble d’instructions écrites, regroupées dans un livret de douze pages, le « GPS » . Ce guide a été réalisé grâce au travail en « focus groupes » de 10/15 personnes concernées, de même nature, pour que la parole circule plus facilement. La version finale a été validée par un groupe d’usagers et avec le soutien de l’Unafam.
Le principe : encore trop peu répandu, le GPS fait le parallèle avec les Directives Anticipées connues dans le cadre de la fin de vie, dont le concept a été transposé à la psychiatrie : quand la personne a toutes ses capacités de décisions, elle donne par écrit les indications sur ses souhaits et les soins médicaux, dans le cas où son discernement devait s’altérer.
- le GPS est un outil rédigé pour les phases de crises psychiatriques.
Cet outil, largement utilisé au niveau international dans les pays anglosaxons, n’est pas encore reconnu en France, même s’il a été primé par le Ministère de la Santé. En France la loi Léonetti ne s’applique que dans le cadre de soins palliatifs, il n’existe aucune loi qui encadre les Directives Anticipées en Psychiatrie.
Directives Anticipées en Psychiatrie : le kit GPS
Des soins consentis : le GPS est un outil de consentement qui permet, outre le meilleur respect des droits des patients, de favoriser la concertation avec les professionnels et les proches autour d’un projet individuel de soins. Cette démarche favorise l’éduction thérapeutique du patient. Au-delà de son utilité en cas de crise, le GPS s’inscrit dans un processus de rétablissement des maladies psychiques :
– La personne est actrice de sa santé
– Il lui permet de mieux se connaitre et savoir sur qui s’appuyer quand elle se sent mal
– Il permet de respecter ses droits quand elle est malade
– La démarche s’insère ainsi dans les nouvelles pratiques qui émergent en France : être acteur de sa santé.
- Le GPS favorise l’empowerment et le rétablissement de la personne.
La révocabilité complète du GPS est possible à tout moment.
Promouvoir le GPS :
Intérêts perçus : En France, malgré 3 ans de mise en place, on manque encore de recul. Cependant, à l’international, il y a beaucoup plus de cas concrets, et on a constaté, si ce n’est une réduction des hospitalisations, une baisse des hospitalisation sans consentement, avec son corolaire de pratiques d’isolement et de contentions. Les patients ont moins peur de l’hospitalisation, car ils ont pu donner leurs directives, y compris sur des questions pratiques (qui va s’occuper de mon chat ?). Les hospitalisation sont plus courtes car réalisées plus tôt.
Le retour des soignants est très bon : il faut faire connaitre ces retours et les promouvoir, comme le font les équipes du GHU de Paris, Le Vinatier, Marseille et St Etienne.
– Informer et sensibiliser les professionnels de santé afin qu’ils reconnaissent le GPS quand un patient arrive avec son livret GPS ;
– Informer et faire participer en amont les patients, avec l’appui du psychologue, de ses proches : il est important que la personne soit « stable », qu’elle puisse avoir un peu de recul pour pouvoir se projeter sur un outil qui va lui demander de réfléchir ;
– Intégrer le GPS dans les projets territoriaux de santé mentale, les actions de sensibilisation avec le CDU AVEC LE Plan de de Prévention des Rechutes
Arguments en faveur de la reconnaissance du GPS :
– Les soins coutent moins chers, car plus souvent réalisés en ambulatoire grâce à la gestion précoce des crises ;
– Impliquer un tiers (les proches) permet de combler le manque d’implication des soignants ;
– Le GPS est un outil qui ne se limite pas à son enjeu juridique, mais encore un outil qui participe au rétablissement de la personne ;
La période du Covid a mis en stand bail le développement de ce projet, extrêmement nouveau en France : il faut le promouvoir et le développer, tant pour son usage pendant les crises, que pour son utilité dans le rétablissement de la personne.
L’association PromesseS a un rôle à jouer, et va relayer l’information pour participer ainsi à son déploiement .
Le livret GPS est téléchargeable sur le site du Psychom.
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